L'annonce de la mise en place d'un comité des sages et d'un agenda pouvant s'étendre sur dix ans n'est pas une bonne nouvelle pour la réforme du système de santé, alors que les choix sont connus, et que d'autres choix vont s'imposer à court terme sur le financement.
Une dépense de santé supérieure de 3% à la moyenne de l'OCDE, un poids de l'hospitalisation trop lourd, notamment pour ce qui concerne les personnes âgées, des moyens et une reconnaissance insuffisants pour la médecine de premier recours alors que le débat est centré sur les "déserts médicaux" et le "pacte de confiance" avec l'hôpital public, cela augure mal aussi d'une action rapidement mise en oeuvre et déterminée. La fin de la convergence tarifaire public-privé et la limitation du territoire de la T2A, qui ne sont que des outils dont on peut orienter l'efficacité sans nuire à la qualité ni à l'accès aux soins (IRDES Qualité des soins et T2A : pour le meilleur ou pour le pire ? ) ne sont pas non plus de bonnes nouvelles.
Adresser des signaux flous ou contradictoires aussi bien à l'opinion qu'aux professionnels sur le rythme et le contenu d'une réforme peu lisible annonce un exercice difficile.
Replay Réformer le système de santé autour des soins primaires (ce que n’a pas fait le PLFSS pour 2013)
La récente revue de la littérature de l'IRDES "Comment les soins primaires peuvent-il contribuer à réduire les inégalités de santé ?" aurait pu nourrir utilement un projet politique ambitieux et structuré, dont ni la majorité parlementaire ni le gouvernement n'ont montré au cours du débat qu'ils l'envisageaient. Pourtant les arguments ne manquent pas, et ils sont connus, et illustré par de nombreux exemples étrangers.
Selon l'IRDES, les systèmes avec soins primaires « forts » (Australie, Canada, Japon, Suède, Danemark, Finlande, Pays-Bas, Espagne, Royaume- Uni), sont en moyenne plus efficaces pour améliorer la santé des populations que ceux ayant des soins primaires « faibles », car plus équitables en termes d’accès aux soins, et avec des dépenses de santé mieux maîtrisées.