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l’avenir des médecins dans la transgression de la norme? mais de quelle norme parlons-nous?

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en réponse à Guy Vallancien, Quel rôle pour le médecin demain?

Des formes cliniques de la transgression

On a du mal à imaginer, à la lecture de ce texte vague qui ne dévoile rien des intentions de l’auteur, la capacité de transgression du médecin dans ce qu’elle pourrait être positive, concrètement, pour le patient. Aujourd’hui, la transgression ordinaire, fille de la pratique routinière et de la paresse critique, se traduit le plus souvent par des conduites thérapeutiques qui n’ont pas d’autre justification que leur prescription par la pression « sociale »: demandes supposées des patients (exemples du dosage du PSA à titre de dépistage, mais aussi nombreux examens d’imagerie, parfois d’interventions dont l’efficacité n’est pas prouvée), pression plus ou moins insidieuse de l’industrie (Médiator bien sûr, mais aussi de nombreux exemples de médicaments utilisés hors AMM sans bénéfice pour les patients).

La vraie transgression est peut-être bien de s’élever contre une norme tacite qui convient à beaucoup, selon laquelle toujours plus est toujours mieux (toujours plus d’examens, de « normes » biologiques que l’on tente de corriger par des traitements toujours plus agressifs et porteurs d’effets secondaires- cholestérol et statines, diabète, …).

La vraie transgression, à l’avenir, sera peut-être de rechercher, de transmettre et de partager avec les patients et les professions avec lesquelles nous travaillons, l’information la plus complète et la plus transparente possible, de manière à rendre clairs les éléments du choix.

Force est de reconnaître que les conditions du développement de cette capacité à transgresser chez les médecins sont loin d’être réunies: l’enseignement initial est délivré par des hyperspécialistes très éloignés de la pratique « ordinaire » de la médecine générale, la formation continue aussi, avec une forte empreinte de l’industrie; l’exercice est largement réglé par la rémunération à l’acte, au détriment de l’écoute, de l’examen clinique et de l’échange avec le patient à partir de données objectives, tous éléments qui concourent au développement d’une véritable empathie.

Force est aussi de reconnaître que la voix de ceux qui tentent d’apporter un peu de lumière dans un débat enseveli sous un langage technologique pas toujours honnête (risques et bénéfice du dépistage du cancer du sein par exemple), et auquel cèdent volontiers les décideurs politiques, que cette voix n’est que faiblement entendue.

On peut souhaiter, en redoutant que cette mise en garde ne soit comme les précédentes que peu entendue elle aussi, que le rapport récemment publié par l’Académie de médecine (Améliorer la pertinence des stratégies medicales , 8 avril 2013) améliore le niveau et la force du débat : « Les actions multiples visant à rendre la médecine plus sobre et les prises en charge plus pertinentes devraient permettre de rompre le cercle vicieux dans lequel malades, médecins, décideurs politiques, industriels, sont à la fois complices et victimes. Les problèmes vont s’accroître et conduire à des arbitrages financiers qui tomberont brutalement si la collectivité médicale ne s’engage pas. Personne n’est totalement coupable mais nous sommes tous responsables. On pourrait être tenté de faire table rase de l’existant ce qui est irréaliste. L ’ Académie nationale de médecine veut affirmer son engagement et formuler des recommandations dans un esprit pragmatique. » Il ne s’agit pas d’un appel « médico-centré », mais dans l’esprit de l’intérêt général au delà des corporatismes qui traversent la profession médicale.

Pour ceux qui seraient tentés par un petit moment de transgression, rendez-vous au débat organisé par le groupe Princeps, Colloque « sur et sous-médicalisation, surtraitements, surdiagnostics » avec le Département de Médecine Générale de la Faculté de Médecine de Bobigny, la SFTG et l’association Civic Santé les vendredi 3 et samedi 4 (matin) mai 2013 à la Faculté de Médecine de Bobigny (pré-inscriptions possibles par mail à sftg@wanadoo.fr ou sur le site de la Société de Formation Thérapeutique du Généraliste http://www.sftg.net ).

 

 


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